Pourquoi prioriser le bio?
Quand on me demande pourquoi je mange biologique, il me vient à l’esprit la première fois où j’ai savouré une carotte bio croquante, orange éclatante, sucrée et juteuse qui m’a fait faire un retour au temps de mon enfance lorsque je déterrais mes carottes dans le jardin familial pour les manger sur le champ. Ce goût délicieux, la fraîcheur et la qualité à chaque croquée, pourquoi l’avais-je perdu depuis des années?
Pour trouver réponse à ma question, j’ai amorcé ma recherche sur les méthodes de production et la provenance des aliments. J’ai vite appris qu’une carotte ou tout autre légume peut se démarquer selon son origine qui est de type maraîchage biologique diversifié ou en mode de culture intensif. M’approvisionnant régulièrement chez le marchand du quartier, je pensais y trouver ce qu’il y avait de meilleur. Mais la culture intensive n’avait aucunement les atouts de celle des paniers bio remplis de fruits et légumes de saison. Dès lors, mes abonnements aux paniers biologiques ont complètement révolutionné mon habitude de consommation.
Pour un gars de la ville, quoi de mieux que d’aller fouler la terre chez le maraîcher pour en apprendre davantage sur le sujet. Robin Fortin, notre fermier de famille, propriétaire de la ferme La Berceuse, a permis à toute la famille de reconnecter avec la beauté de la nature. Il s’est décidé il y a plus de 16 ans de cultiver la terre sans utiliser de pesticides ou d'engrais de synthèse, ni d'organismes génétiquement modifiés (OGM) et ses fruits et légumes sont récoltés à maturité. Consommés frais, ses fruits et légumes biologiques renferment une valeur nutritive élevée. Tout ce dur labeur est pour nous offrir ce qui a de meilleur à mettre dans notre assiette.
La revue British Journal of Nutrition, a publiée le 15 juillet 2014 une méta-analyse montrant que les fruits, légumes et céréales bio ont des concentrations en antioxydants jusqu’à 69 % plus élevées que ceux produits en agriculture conventionnelle. Les chercheurs suggèrent que manger bio reviendrait à manger un surplus d’antioxydants équivalent à une ou deux fois plus de portions de fruits et légumes par jour.[1] Un groupe d’experts de l’Université de New Castle a démontré que le lait de vache et la viande provenant d’élevages biologiques renfermaient environ 50% plus d’acides gras essentiels oméga-3. [2]
En agriculture biologique, la terre produit abondamment en parfait équilibre. Les maraîchers misent sur la santé et la vitalité des sols en préservant la biodiversité, limitant ainsi l’érosion. Selon Équiterre, l’agriculture biologique permet de réduire de 45% la consommation d’énergie fossile sur la ferme par rapport à l’agriculture conventionnelle, elle permet donc grandement de lutter contre les changements climatiques.
L’utilisation des engrais chimiques peut polluer les nappes phréatiques, ils peuvent également mener à l’extinction des insectes pollinisateurs essentiels à la reproduction des plantes. Voilà des conséquences inestimables qui ont un retentissement sur toute la chaîne alimentaire.
Personne ne devrait être exposé aux résidus de pesticides. Pensons aux employés dans les champs et aussi à nos enfants chez qui il est démontré que l’on retrouve de six à neuf fois moins de pesticides dans leur urine lorsque ceux-ci ont une alimentation essentiellement biologique. [3]
Outre les effets directs sur la santé et l’environnement, les fondements de ce système reposent sur des valeurs que nous partageons. Ce sont tous des acteurs passionnés qui contribuent au mieux-être des gens, de la planète, et sans oublier des animaux, car bien qu’il y ait encore place à l’amélioration, ils bénéficient néanmoins pour l’instant de plus d’espace pour bouger, d’une alimentation composée à 100 % d’origine biologique et ont accès à l’extérieur.
En 2015 on comptait au Québec 1450 entreprises qui mettent en marché 7100 produits certifiés bio. Une augmentation de plus de 50% en 10 ans. Ce secteur de l’agriculture a grandement besoin de notre soutien pour qu’il se développe davantage.[4]
En consommant des aliments biologiques, la population envoie un message clair à l’industrie : Cessez de nous empoisonner à petite dose.
[1] https://www.cambridge.org/core/journals/british-journal-of-nutrition/article/higher-antioxidant-and-lower-cadmium-concentrations-and-lower-incidence-of-pesticide-residues-in-organically-grown-crops-a-systematic-literature-review-and-meta-analyses/33F09637EAE6C4ED119E0C4BFFE2D5B1
[2] http://blog.journals.cambridge.org/2016/02/16/health-benefits-of-organic-milk-and-meat/
[3] Curl, C., Fenske, R., Elgethun., K., 2002, « Organophosphorus pesticide exposure of urban and suburban pre-school children with organic and conventional diets », Environmental Health Perspectives.
[4] Filière Biologique du Québec, colloque régional en agriculture biologique, Saint-Bruno, 23 mars 2016